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Human Computer
10 août 2017

Gloria

 

Comme après chaque appel, la conversation avec son père lui avait laissé un sentiment poisseux. Pas besoin de Skype pour savoir qu’il le dérangeait de son canapé, interrompant un match de foot ou une sieste. Le temps de parvenir jusqu’au téléphone s’allongeait, la saisie du combiné se mêlait au bruit confus de ses gestes devenus incertains, la connexion même paraissait relever du miracle.

Hein ? Allô ? Ah, c’est toi mon fils, je croyais que c’était Muriel, je lui ai demandé de me trouver une pastèque sur le marché, voilà près d’une heure qu’elle est partie… il lui reste encore tout le repassage à faire, (…) oui, ça va, comme ça, tout doux, Marseille-Lille 0-4 à la mi-temps, cette douleur dans la jambe gauche, Jean-Marie doit passer ce soir pour l’apéro, après il se fera des pâtes :

— tu sais ah mince comment ça s’appelle déjà des… non, pas des spaghetti j’en ai mangé hier, non des en spirale,

vertuchi, cardelonchi, oui enfin sans importance, une tranche de jambon, un yaourt, le matin ça va j’ai des occupations, le cardiologue [lui] a donné rendez-vous le 29, c’est ça oui, le mercredi 29 attends… je l’ai noté sur mon calendrier, docteur Fezzani 11h 30, si c’était grave il m’aurait dit de venir tout de suite, mais dans trois semaines, ça doit pas être trop grave, le 29 à 11h30, j’ai annulé Muriel et ma partie de cartes. Il fait chaud, j’ai beau mettre le machin là que ton frère m’a donné le truc qui tourne, comment tu dis ? oui c’est ça ventilateur, un peu d’air mais c’est tout, et toi alors ? la santé le boulot... Ah ! la voilà, bon je te laisse, merci, oui moi aussi je t’embrasse, tu viendras quand tu pourras, je viendrai te chercher à l’aéroport./ 

(son d’un capteur sonore qui hésite à retrouver sa base, écho du geste brouillon, précipité, une voix lointaine qui dit ah merde./)

 

 

Marius parachevait son énième toilette matinale, la plus intime. Étendu sur le dos, dans une contorsion qui accentuait sa souplesse innée, les pattes arrière largement déployées en figure de 10h15, son petit ventre — fragile, dodu, secret, plus clair et plus doux encore que le poil soyeux et immaculé de la robe, après avoir été abondamment léché, abreuvé de salive et de phéromones, ainsi qu’un préliminaire ésotérique, ouvrait la voie à l’inspection et à l’hygiène de la zone anale et du petit sexe rose, sorti à cette occasion de son fourreau. Pince de homard, la comparaison s’arrêtait là. Comme la plupart des stérilisés, le risque de devenir obèse contraint Marius à se soumettre au régime prescrit par le vétérinaire. S’il va bien au-delà des recommandations sportives de son coach personnel, imaginant des règles de jeux de lui seul connues, l’obligeant à courir, sortir, rentrer, bondir, sauter, ramper, slalomer, le tout dans un enchainement stupéfiant de fluidité et d’ardeur, (…) Marius n’adhère pas, n’a jamais souscrit aux portions congrues qui lui sont distribuées. Une question de principe, estime-t-il. 70 grammes/j. 

De qui se moque-t-on ?

L’adoption pleine et entière de Marius, à l’âge de 6 mois par son actuel responsable légal, fut décidée par un conseil de sa famille de naissance, lorsque il était patent que celui-ci n’était pas parvenu à intégrer la fratrie. La cause de cet échec : sa goinfrerie. Introverti, asocial, boulimique, Marius ne s’était pas fait d’amis parmi ses congénères, frères et demi-sœurs confondus. Vivant à l’écart, il avait construit dans un coin du grand salon une forteresse faite de coussins, de serpillères, de cartons et d’accessoires cabossés. C’est ici qu’il se réfugiait à l’heure des jeux et des repas. Depuis cette altercation mémorable, seul contre les cinq autres pensionnaires, Marius s’était emparé du sac de croquettes en guise de trophée. Un sac plein, soit 5 kg de protéines, de vitamines, de sels minéraux, d’agents de texture et de saveur au goût poulet ; trainé puis patiemment arraché du plancher enfin déposé parmi les balles, les brosses, les entonnoirs de jardin et les bouchons d’eau minérale, etc. dans son nid suspendu. 

Ce fut un tel ramdam que le gérant accourut. La meute braillait réclamant justice, elle hurlait son indignation. Désignant Marius, qui s’était faufilé bien avant l’arrivée du gardien, le mot d’ordre général exigeait la restitution de la nourriture, sans délai. 

 

*

 

La nuit suivante, il y eut un de ces vacarmes dans l’appartement. Les conduites d’eau se mirent à hoqueter bruyamment ; toute la tuyauterie parcourue par des spasmes et des tremblements douloureux. Des fissures apparurent çà et là, de la cuisine au salon, de la salle de bain au couloir. Les robinets vomissaient un produit jaune, visqueux, vaguement gluant qui puait la moisissure. 

 

 

Dans la matinée, Michel reçut un mail « important » de son conseiller Pôle emploi. Une convocation urgente. « Poste à pourvoir. »

 

Rendez-vous à 15:15, par précaution cependant, l’alarme est programmée pour 11:00.

Pour une fois, Xavier Fragonard ne l’a pas fait attendre. À la surface du masque impassible de ses responsabilités, transparait une satisfaction personnelle. D’un geste amical, il lui indique une chaise IKEA à proximité de son mini-bureau.  Michel n’avait pas souvenir d’un type aussi jeune. Dans les 26-28 ans, rasé de près, tenue décontractée ayant cours dans la fonction publique, soit une chemise claire sans cravate, un jean repassé, des mocassins simili cuir. Généralement, c’est plutôt le dos de l’ordinateur que le visiteur a pour vis-à-vis. Cette fois, le conseiller invite Michel à observer l’écran avec lui, or sans lunettes, Michel s’applique comme il peut à isoler les lignes colorées du verre crasseux. L’exercice brille par sa simplicité, il s’agit de confirmer et valider les rubriques de son dossier. 

La synthèse de l’entretien semble prendre beaucoup plus de temps que l’entretien lui-même. La bécane bug. Le conseiller rouspète mollement, 

— ça arrive tous les jours, précise-t-il, résigné.

En attendant le retour du logiciel défectueux, Michel n’a d’autre loisir que d’apprécier l’assise du siège visiteur. Parcimonieusement rembourrée, qui semble avoir été conçue pour un stationnement n’excédant pas le quart d’heure. Au-delà, on finit par deviner la structure métallique nichée sous la fine mousse. Il n’aura jamais l’occasion de tester le dossier, puisqu’il lui faut sans cesse se pencher pour extraire de son EASTPAK posé à ses pieds, une attestation, un courrier ou rechercher ses lunettes de lecture.

 

—  Monsieur Michel Duchêne…rappelez-moi votre identifiant… voilà, nous y sommes. Eh bien, dites donc, on peut dire que la chance vous sourit !

Michel se demande s’il ne se fout pas un peu de sa gueule. Il a mimé un regard prudemment enjoué, un sourire confus. 

— Il n’est jamais… jamais, bafouilla-t-il, il n’est jamais trop…

Brutalement interrompu par la reprise en main de la conversation par Xavier, tout à son bonheur d’être sur le point de pouvoir caser ce type qui ne figurait pas, mais alors pas du tout parmi les candidats potentiellement susceptibles de retrouver le chemin de l’emploi. Ce n’était pas une chance, un miracle ! Lors de sa formation, le module « senior sans diplôme » parvenait à cette conclusion, appuyée par des statistiques sans appel : l’inscription de cette catégorie de demandeurs d’emploi est octroyée à titre compassionnel, en attendant leur départ à la retraite. Inutile d’y consacrer une énergie plus utile à la jeunesse, aux intérimaires et aux précaires méritants.

— Votre candidature a aussitôt été validée par l’employeur. (sans même un entretien d’embauche… jamais vu ça.) donc voici la description du poste,  je vous l’imprimerai rassurez-vous : « Le candidat aura la responsabilité de l’organisation, la régie et la gestion d’un événement privé. » 

Situation géographique : La Ciotat (Var - 84).

(…) Eh bien, dites donc, je partirais bien à votre place !

(acquiescement embarrassé de Michel, qui ravale aussitôt ce qui lui était spontanément venu à l’esprit « allez-y, si vous voulez, ou allons-y ensemble »)

La nature de l’événement n’est pas spécifié. 

Logé (studio indépendant sur le lieu de travail), nourri.

Je récapitule (Michel n’avait pas tout entendu, il lui était impossible de retenir toute cette nouveauté tombée sur lui. Il observait par la fenêtre un nuage plus foncé que les autres, une averse qui ne tarderait pas), Xavier poursuivit la lecture plus rapidement :

— « CDD 8 semaines /Engagement à la signature du contrat de travail (en 3 exemplaires que j’imprime aussitôt, s’il y a suffisamment de papier dans l’imprimante)

Monsieur Duchêne, vous devez être ravi, je comprends. Ce n’était pas évident… votre âge, ces longues périodes d’inactivité… pour ces postes, les employeurs privilégient l’expérience et l’énergie d’un trentenaire. Je dois vous avouer que je n’y croyais pas.

— Moi non plus, répondit tristement Michel. C’est sûr qu’avec un jeune, l’avantage c’est qu’il est moins payé et qu’il en veut… J’aurais fait comme les autres, si j’avais été eux.

Xavier fila dans une pièce voisine vers l’imprimante. 

Michel ressortit de l’agence, comme sonné d’avoir paraphé et signé un contrat en 3 exemplaires, qui le bloquerait pour 8 semaines loin de Paris.

 

Durant les jours qui suivirent, il n’en parla à aucun de ses amis. Lorsque Martine Blagnac apparut sur l’écran de son iPhone en même temps que la sonnerie stridente qui lui était dédiée, (elle avait laissé plusieurs messages depuis lundi, dont le dernier ne cachait pas une certaine irritation teintée d’inquiétude), Michel répondit d’une voix faible mimant l’angine. 

Cédant enfin à l’interrogatoire pressant de sa vieille amie qu’aucun subterfuge n’aurait pu convaincre, Michel dut se résoudre à révéler la bonne nouvelle d’un job d’été à La Ciotat. 

— C’est tout ce que ça te fait ! tu sais que tu es chiant Mimi. Depuis le temps que tu galères… tu ne m’as pas dit ton  salaire ?

Ce fut un blanc, comme on en entend parfois à l’un ou l’autre bout du fil — quand bien même la téléphonie mobile, en dépit de son monopole universel, n’était jamais parvenue à mettre un terme à ces expressions du siècle passé. 

— Tu m’entends Mimi ? Allô ! (…)

— Si… si, je t’entends très bien, articula Michel tout en éternuant. 

— Aller, ça restera entre nous… tu peux oublier la petite somme que je t’ai passée le mois dernier, ce n’est rien, je t’en fais cadeau. Ça me fait plaisir !

— Je ne peux pas répondre… figure-toi que je n’ai pas fait gaffe. 

Il y avait tellement de choses nouvelles à retenir à la fois.  

— Confier Marius deux mois, tu entends deux mois ! 

— Ce n’est pas le problème ! l’interrompit Martine, visiblement excédée. Tu sais que tu pourras compter sur Évelyne, comme d’habitude… ou Ronald. Arrête avec ça immédiatement ! Marius peut très bien se débrouiller sans toi. Alors, combien ?

— Combien quoi ?

— Ton salaire !

— Je sais pas. Je n’y ai pas pensé. 

— Quoi ? qu’est-ce que tu me racontes… tu ne m’as pas dit que tu avais signé ton contrat ?

— Bah si, mais justement… puisque j’te dis, je n’ai pas regardé. Tout ça est arrivé si vite. 

— OK, c’est bon, j’ai compris, trancha froidement Martine. Rappelle-moi quand tu seras moins con !

Est-il utile de préciser qu’à cet instant précis, elle raccrocha.

 

L’organisation et la régie d’événements de prestige, ainsi que mentionnée dans son parcours de vie, se situe au niveau de l’expertise. Depuis combien de mois, d’années, n’a-t-il pas eu l’occasion de le démontrer. Pourtant, se dit Michel, une expérience professionnelle, c’est comme le vélo ou la natation, ça ne peut pas s’oublier pas. 

À chaque nouvel engagement pourtant, le doute l’envahit. Cette sensation d’imposture ne l’a véritablement jamais quitté. Cela tient, en partie, au fait que Michel a appris ce métier sur le tas, sans autre formation que ces stages d’assistant de production, employé sur des tournages de court et de long-métrages, arrangés par une productrice  réputée sur la place de Paris pour son nez, fin limier pour lever des talents latinos, et aussi — comme par développement de son système olfactif, pour son addiction à la cocaïne. Respectée autant que redoutée, l’ensemble du catalogue des films produits par Hélène se trouve sous séquestre ou dans un état économico-juridique tel qu’il est devenu légende, a parte lors d’un dîner valant sésame au Royaume des cinéphiles, interdit de vente et de diffusion pour le monde entier.  A chaque film, sa société de production. Vers la fin de sa carrière, elle ne louait plus de locaux, des producteurs issus du filon Recherches & Essais d’autrefois, lui offraient gracieusement une annexe de leur bâtiment, le temps de l’action, sachant retrouver leur bien avant la post-prod.

En se séparant de Mademoiselle Hélène, ces réalisateurs — qu’elle avait d’abord aimés, protégés, et compris avant de financer leurs projets aberrants, hirsutes, la quittèrent pour rencontrer le succès auprès d’un large public et d’une critique parisienne amnésique ou trop étroite pour se souvenir des naufrages financés par Hélène.

 

Marseille

Aéroport Marignanne — Ext. Jour.

Lorsque le TGV a relié en trois heures les deux cités, que tout semblait opposer, la tentation des Calanques fut énorme pour la middle class intermittente. Tous les télé-compatibles s’emballèrent pour l’archaïsme jovial des ruelles du Panier.  

 

Un certain Maurice Tranchant est venu le chercher à l’aéroport. Pas très causant. Le mètre quatre-vingt dix, cheveux longs, costume sombre, chemise à motifs Agnès b., bronzé. Pour un Homme de Caron, (notes de lavande et de vanille),  flotte dans la voiture climatisée qui les emmène à La Ciotat. Il est un proche de Gloria Pomardi, son voisin de presqu'ile (son dealer occasionnel aussi, Michel le découvrira par la suite). 

Le trajet échappe miraculeusement aux embouteillages. La conduite comme furtive, élancée de Maurice, paraît se jouer des handicaps du parcours avec la souplesse d’un skieur adepte du hors-piste. Lorsque la BMW poussiéreuse, se fige devant le portail discret, cerné de glycines, de la Villa Les Roses. Les volutes de Miles Davis recouvraient Pour un Homme. Les séquences étaient celles d’une Jeanne Moreau, définitive et hurlante marchant sous la pluie. Le soleil recouvrait l’horizon d’une lumière indécise et profonde. Dès qu’ils furent sortis du véhicule, la chaleur humide et douce de cette fin d’après-midi traversa le vêtement inadapté de Michel. Un flot de souvenirs organiquement disparates et légers s’était donné rendez-vous dans ses entrailles. C’était la première fois, depuis son embarquement à Roissy (il était arrivé tellement en avance qu’il n’en pouvait plus de cette cafétéria aseptisée, des boutiques clinquantes — il se disait, ce n’est pas parce que les passagers ont choisi l’avion qu’ils sont disposés à faire chauffer la VISA dans les parfums et les alcools), puis soudain, immobilisé, comme gélifié dans le couloir de détection des objets métalliques. L’idée de sa destination avait occupé une place minoritaire dans le labyrinthe prioritaire des écrans d’affichage (AF-65 842 / NCE / GATE B-12 / ON TIME. Lorsque l’heure du décollage fut imminente, Michel en était à son troisième café-viennoiserie à 12.50 euros l’unité.

 

S’il lui était arrivé quelquefois de passer par la gare Saint-Charles, l’expérience se résumait à la perspective vertigineuse que l’on a du sommet de l’escalier pharaonique. 

Ce nom de Marseille, traduit en langage aéroportuaire, se résumait à cette précipitation inutile, en lien avec le cataclysme sournois de ses habitudes, qu’il lui était facile d’attribuer à son conseiller Pôle emploi.

 

Michel croyait, lui, pouvoir improviser l’avenir à sa guise, lorsqu’il était déjà par trop évident qu’il retournait vers ses anciennes impostures.

 

Une Pomardi accrochée à son portable faisait de grands mouvements de son bras libre en direction de Michel, lequel crut reconnaitre… Mais non, c’était absurde. Trop de chaleur sous le blouson ensoleillé. L’entrée de la villa contraste d’avec le jardin qui surplombe la baie. Presque sombre ; un vaste patio, recouvert de tomettes au lustre si profond qu’il en exalte la patine, comme poncé par une répétition de pas nano-abrasifs ; les murs d’une blancheur toute méditerranéenne, seulement altérée par endroits de traces d’humidité, de moisissures assumées ; une imposante sculpture en pâte de verre, absorbe la parcimonieuse lumière zénithale. Les éclairages sont exclusivement dirigés vers les œuvres. Un outre-noir de Soulages, fait face à un triptyque de Jean-Charles Blais, (la période de Vence, lorsque l’artiste imposa ces lourdes silhouettes sur papier, exaltant le bleu outremer et le noir ivoire, passés à la brosse dans un mouvement à la fois sec et transgressif, généreux.)

Gloria abrège la conversation téléphonique en italien, par un brutal « OK, Ciao, Baci Baci. 

— Michel, je suppose ! désolée je n’aurai pas beaucoup de temps aujourd’hui. 

Pouvez-vous rester diner avec nous ce soir ? 

Michel n’avait pas eu le temps d’acquiescer, son regard devait dire quelque chose comme Amen.

Marcela va vous accompagner au bungalow. Fuck, qu’est-ce que j’ai foutu de mes clopes ? Fuck… (elle palpe les poches cousues de sa veste, Michel lui tend son paquet). 

 

— Maurice ne vous a pas trop fait attendre ? avec tous ces travaux sur la corniche… c’est un sacré bordel, dit-elle en expirant un nuage de fumée (mais déjà, son portable se mit à sonner). 

— Je vous laisse, pardonnez-moi un instant. 

Marcela ! ecco Michele, il gestore del matrimonio, se si dispone di un momento pour le conduire au bungalow, je dois filer. »

Maurice avait pris la précaution de précéder Gloria de quelques pas, munie en une fraction de secondes de lunettes de soleil, avant de franchir le seuil avec lui. Elle avait disparu en même temps que le vrombissement d’un moteur d’une voiture sportive.

 

 

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